Lettre
à sa Mère et Devoirs d’Ecole Ma
chère maman voudrais-tu me corriger les devoirs que
tu trouveras à l'autre page et me les renvoyé demains où aujourdhui corriger
je voudrais que je les retrouvent en revenant de l'etude tout corrigé
ainsi que mon calcul. tourne la page PAGE
DE CALCULS Bien[1] 1 fte 0 fte T. Bien Le petit garçon studieux Un papa et une maman regardaient un petit
garçon qui travaillait avec ardeur à faire une Analyse et du verbe, ils
n'avaient pas de taches et le cahier était bien propre Aussi le papa
et la 0 fte[2] T.
B. U.
A
son Père Henri Charlot Paris Mont trai chair papa j’ai reuçut tâ lettr
é j’aient déchifré thon raibus. Qu’aice queu son cais 2 pié don tu m’en
parl. Je panse queue ceux son des plent deux mon bâlcon. A bientô mé
aricô son t’elle bien BON SOIR J Charlot A
la Bibliothèque Nationale, demandant l’Accès à la Collection Aubin-Goupil 17 Nov. 1914. Monsieur
le Directeur Je vous écris afin de solliciter une
carte d'admission me permettant d'étudier les manuscrits mexicains de
la Bibliothèque. Ceux-ci sont un don de mon oncle, Mr. Eugène Goupil,
américaniste distingué. J'ai étudié moi-même cette branche difficile
de l'Histoire qu'est la période comprise depuis les origines jusqu'à l'invasion
Espagnole; mais les Manuscrits figuratifs, seuls restes de cette époque,
sont d'une importance capitale. N'ayant pu les approfondir que d'après
les reproductions incomplètes du catalogue raisonné j'eus le désir de
voir les Originaux dont mon oncle s'était dessaisi pour les léguer à la
Nation. Malheureusement on me fit savoir qu'il fallait des titres spéciaux
pour être admis à étudier. Or je n'en ai d'autres que l'envie de perfectionner
ma science si imparfaite de l'américanisme! Malgré cela, Monsieur, j'ose
espérer que vous répondrez affirmativement à ma demande et que vous m'autoriserez
à étudier des documents que j'aurais déjà entre les mains s'ils n'avaient
pas quitté ainsi ma famille. Agréez
Monsieur le Directeur l'assurance de mes respectueux hommages. J.
Charlot Goupil Mr. Jean Charlot 64 rue de la Chaussée
d'Antin, Paris. le signataire...en effet neveu de... Goupil,
il semble qu'on...(n)e peut lui refuser une carte[3] Ebauche
d’une Lettre d’Affaire In Beantwortung auf Ihren Vorschlag mir
1% commission zu gewaehren bedaure ich antworten zu müssen dass ich nur
bei 2% Ihre Vertretung aufnehmen könnte und bei den in meinem Briefe gegebenen
Bedingen[4]
die den hiesigen Sitten und Gesetzen entsprechen. In der Hoffnung Ihrer Genehmigung Verbleibe
ich mit Hochachtung Ihr ergeben M Charlot Ebauche
d’une Lettre à M. Cheneau Cher Monsieur Cheneau Je viens de recevoir un échantillon de
votre "correspondance militaire" dont vous me parliez si souvent
quand j'étais civil. J'ai trouvé votre lettre méchante. Je suis trop las pour faire de l'ironie.
Permettez-moi d'y répondre simplement : Vous m'accusez 1o de ne pas avertir quand
je disparais 2o de ne pas répondre aux
lettres reçues. Or je suis parti le Lundi matin : Le
Dimanche j'ai porté un bouquet A
sa Mère, 10 Juin 1918 10 Juin Chère Maman, Je t’ai envoyé le 8 après-midi une lettre—Le
8 au soir, à Minuit, a commencé une préparation d’artillerie française
en même temps qu’une boche. De la première nous n’avons fait qu’entendre
le bruit, mais la seconde s’est composée d’un envoi panaché de gaz et
de fusants et a duré 6 heures à peu près. C’était suffisant. Nous avons
gardé le masque tout le temps. Nous avions d’ailleurs une sape où nous
mettre.[5] Les batteries d’artillerie qui se trouvaient
devant nous ont fait sauter leurs pièces, et maintenant nous rejoignons
en arrière pour nous reformer. Tout hier nous avons voyagé à pied, en carriole—Naturellement
je suis assez fatigué. Le retour était curieux : Toutes les voitures
de la batterie formaient une file immense. Le lieutenant d’une des batteries,
après être resté le dernier à ses pièces et les avoir fait sauter lui-même,
s’était enfui dans un petit tonneau attelé d’un cheval blanc qu’il conduisait
lui-même. L’effet était assez comique. Le départ à pied avait été moins drôle : Le
P. C : Commandant, lieutenants, ordonnances, cuisiniers et radios, une
trentaine d’hommes, tous à pied, au travers des champs et, devant et derrière
l’artillerie en pleine action, tandis que les fantassins montaient en
ligne. Le temps était magnifique et toutes ces fumées brillaient au soleil.
Ça ressemblait à un Didier-Pouget (?)[6] sans bruyères. Ce baptême du feu qui a été surtout un baptême
du gaz s’est très bien passé. Si tu goûtes les “mots héroïques” en voici
un : Imagine la sape, mal éclairée par une bougie, tous les hommes en
masque et le brouillard des gaz, Dehors l’éclatement des chutes : “Pas étonnant que le gaz soit si cher! Y-z-en
foutent plein la rue.” Prends-le pour ce qu’il faut. Je te
l’envoie tel que je l’ai entendu. B Baisers J
Charlot A
sa Mère, 8 Janvier 1919 8–1 Jugendheim[7] près Mayence Tu vois que je ne m’étais pas trompé quant
au terme du voyage. Je te joins 2 cartes postales que je n’ai pas
envoyées encore. Ici c’est uniquement boche. Nous sommes très
bien installés pour la popote dans 1 salle à manger et un salon. Nos
proprios sont archi patriotes mais nous reçoivent grandement. Le père,
pour nous épater, nous a offert du vin du Rhin (parfum et goût de figue)
Nous lui avons répondu par du champagne. Tu vois que nous ne reproduisons pas ici les
atrocités commises en France. Je suis même étonné de l’absolue correction
des soldats français. Les habitants qui mettent de la mauvaise volonté
se font d’ailleurs attraper à fond—Le fait ne s’est produit qu’une fois
à la batterie. B Baisers J
Charlot Deux
Lettres à sa Mère du 1er et du 24 Septembre 1919 1–9–19 Chère
Maman Voici du nouveau. Je suis détaché provisoirement
au commandement d'une section de munition qui va rentrer en France pour
être dissoute. Je suis aux environs de Ludwigshafen,
toujours. Je viens d'arriver—J'ai pas mal d'hommes, de chevaux et de
voitures, le tout en bien mauvais état, à prendre en consigne. Beaucoup
d'arabes—des fantassins. J'aurai du travail pour mettre tout au point—Mais
quelle montée en grade! et je suis commandant du village où l'on cantonne!—Trop
d'honneurs—Au réel une corvée assez désagréable mais qui ne peut que me
donner de l'expérience dans ce métier d'officier bien délicat à mon âge.
Les camarades m'ont accompagné jusqu'ici en auto. Le capitaine m'a complimenté
pour la façon dont je m'occupais de la batterie. Il est vrai que j'ai
fourni un gros effort, surtout n'y étant pas porté naturellement. J'ai fait 2 petits paysages curieux. B Baisers Charlot P.S. : Je ne sais pas pourquoi j'ai signé
comme ça, C'est idiot. 24–9–19 Ma
chère Maman Toujours au camp de Souges. Je vais
assez souvent à Bordeaux. La vie n'est pas désagréable, mais je préfère
l'Allemagne, surtout parce qu’ici l'esprit est mauvais chez le civil,
alors que là-bas nous sommes mieux traités. J'ai ici de bons camarades
et un travail peu absorbant, ce qui me permet de dessiner. Envoie-moi des nouvelles de la Gilde
quand elle reprendra. Y a-t-il du neuf dans nos affaires, la fin de l'année
approche—et ma démobilisation aussi, je suppose en Mars–Avril. B Baisers Charlot A
Arlette Bouvier Ma chère filleule Arlette, Comme je suppose que tu es assez grande
maintenant pour lire et même écrire j’ai pensé à t’envoyer cette lettre
parce que je ne sais pas quand je pourrai te voir et j’avais très envie
de bavarder avec toi. Je suis très loin, très loin de la France,
dans un pays où les hommes ont des chapeaux plus hauts qu’eux, de gros
pistolets à la ceinture et parlent une langue que tu ne comprendrais pas.
Quand je reviendrai à Paris et que nous aurons fait connaissance, si tu
veux, je t’apprendrai à parler l’espagnol. J’aurai aussi beaucoup d’histoires
à te raconter, comment on voyage dans les grandes forêts où il y a des
tigres qui vous regardent passer (comme en France les vaches regardent
passer les trains) et comment il faut coucher dans des hamacs à cause
des serpents. Il y a des petits serpents qui ne mangent que des lapins
et ils sont si paresseux qu’ils s’endorment avant d’avoir fini d’avaler,
avec les deux oreilles du lapin qui leur dépassent par la bouche. Il y a aussi des maisons très grandes,
en pierre, comme on en voit à Paris, mais elles sont au milieu de la forêt,
personne n’y habite et il y a de gros arbres qui leur poussent sur le
toit. Bref, tu vois que nous aurons à nous
dire beaucoup de choses. J’ai seulement peur de rester si longtemps loin
de toi que quand je rentrerai, je trouverai ma filleule une très grande
fille que les histoires n’intéresseront plus et qui trouvera son parrain
bien ennuyeux. Je t’embrasse bien, ma chère Arlette
et j’attends avec impatience ta réponse. Ton parrain qui t’aime beaucoup, Jean Mille baisers de Bonne Maman pour Arlette
chérie.[8]
[1] Editeurs : écrit d’une autre main sur
le calcul. [2] Editeurs : écrit d’une autre main.
[3] Editeurs : note fragmentaire d’une
autre main. [4] Sic : Bedingungen [5] Editeurs : Cette phrase a été ajoutée
plus tard d’une petite écriture, probablement pour rassurer sa mère.
[6] Editeurs : Charlot a épelé le nom correctement
: William Didier-Pouget, 1864-1959, célèbre pour ses paysages de brume
et de bruyères. [7] Sic : Jugenheim. [8] Ajouté de la main de Anne Charlot,
la grand’mère d’Arlette. ma maman aimaient le petit garçon de tout leurs cœurs
Lettre du 8 Juillet 1909 Envoyée sous Forme de Rébuscet 8 Juillet 1909